Vendredi soir, sur le bateau de plongée, Marion me demande dans un anglais très gutural “n’est ce pas déconseillé de plonger et prendre l’avion le lendemain ?”. Et merde, j’avais complètement oublié ce detail important. Ah ces allemands avec leur rigueur implacable ! Je lui réponds qu’effectivement, il faudrait normalement attendre 24 heures avec de prendre l’avion après une plongée, mais 12 heures suffisent. De toutes façons, je ne suis pas normal et c’est trop tard. J’ai payé et je ne vais pas demander à décaler mon vol à cause d’une remarque limite désobligeante d’une nouvelle amie !
Seulement, comme déjà énoncé, je viens d’une famille hypocondriaque. Cette remarque fait donc mouche dans ma petite tête. Mon (gentil) démon me dit “mais tu t’en fous ! 12 heures, c’est largement suffisant pour désaturer” quand ensuite, mon petit ange me répond “ah bah c’est malin de ne pas y avoir penser avant. Tu prends des risques. Y a t-il un caisson de decompression sur cette île ?”. Mon petit démon reprend le dessus “Tu plonges en mode PADI. Aucun risque”. Et cette conversation intérieure dure jusqu’au spot de plongée.
J’oublie pendant ma plongée et le débat intérieur reprend ensuite.
Le lendemain, je reste un peu anxieuse. Ah cette Marion ! On ne se parle pas beaucoup, et en plus, c’est pour me coller du stress.
A l’aéroport, c’est Maxine qui s’y met “mais ce n’est pas déconseillé de prendre l’avion après une plongée ?”. Pfffff. En plus, Maxine ajoute que leur mono de plongée a déconseillé à une fille d’aller au volcan pour ces problèmes de désaturation. Je lui refile mon discours sur les 12 heures mais cela ne fait qu’aggraver mon état hypocondriaque !
Bizarrement, j’ai un mal de crâne qui commence sérieusement à me prendre la tête. Je commence à m’imaginer que j’ai un gros caillot de sang coincé dans les cervicales. Je vais terminer ce circuit à Hawaii tétraplégique ? Le mal de crâne continue sur le chemin vers notre nouveau lieu de residence. Tout s’embrouille dans ma tête : desaturation, thrombose (ça, c’est à cause du taf !) … Je me dis que je vais attendre 24 heures après ma plongée pour decider si je peux poursuivre ma crise d’hypocondrie, pour finalement me dire qu’il vaut que j’attende 24 heures après mon heure d’atterissage pour decider si je dois appeler Mondial Assistance ! N’empêche que j’ai ce satané mal de crâne qui ne veut pas partir …
Bref, le lendemain matin, je me rends compte que je ne suis toujours pas thrombosée mais bien désaturée… et que ce satané mal de crâne était certainement du à la clim’ en mode Sibérie dans le van ! Ah ces allemands, il leur faut une température ambiante à 19 degres. C’est eux qui m’ont collé mal au crâne !